Tuesday, March 01, 2005

l'affaire de Damas

1840 : affaire de l'accusation de meurtre rituel à Damas.LE CONFLIT TURCO-EGYPTIEN (1832-1841)Il eut pour cause l'irritation et l'inquiétude que causaient à Mahmoud les progrès et l'ambition de son vassal, Mehemet-Ali, viceroi d'Egypte, réformateur heureux et politique entreprenant. La première phase de la lutte tourna à l'avantage de Mehemet ; son fils, Ibrahim-Bey, vainqueur des Turcs à Homs, Beilam, Konich (1832), marchait sur Constantinople ; la médiation de la France et de l'Angleterre l'arrêta (traité de Kutayeh, 1833). Mehemet reçut pour prix de ses succès les quatre pachalikats de Syrie et le district d'Adana qui lui ouvrait l'Anatolie. Les Russes que, dans son affolement, Mahmoud avait appelés à son secours, ne se retirèrent qu'après avoir obtenu du Sultan la promesse de fermer les Dardanelles aux vaisseaux de guerre de toutes les puissances (traité d'Unkiar-Skelessy, 1833).La deuxième phase de la lutte faillit consommer la ruine de l'empire ottoman et mettre le feu à l'Europe. Mahmoud préparait sa revanche : en 1839, il lança une armée sur la Syrie. Mehemet-Ali, qui prévoyait cette attaque, écrasa les Turcs à Nezib. Presque au même moment, Mahmoud mourrait, laissant le trône à son jeune fils, Abd-ul-Medjid ; la flotte turque était livrée aux Egyptiens par le Capitan-Pacha, Achmet ; Ibrahim-Bey marchait de nouveau sur Constantinople.Les grandes puissance, un moment d'accord pour sauver la puissance ottomane, se divisèrent bientôt: sous l'inspiration de l'Angleterre, une véritable coalition se forma entre les quatre, les alliés de 1814, contre la France et son protégé, Mehemet-Ali. La question d'Orient (1840), le duel entre Lord Palmerston et Adolphe Thiers (42 ans), le réveil du sentiment national en Allemagne et des idées belliqueuses en France (1840). Malgré les bruyantes manifestations du pays, Louis-Philippe recula devant la perspective d'une grande guerre ; après un simulacre de résistance, Mehemet-Ali céda à l'ultimatum des quatre. Il perdit la Syrie et garda l'Egypte. Le concert européen fut rétabli, et ce fut la Russie qui en paya les frais, car la Convention des Détroits (1841) ferma le Bosphore, comme les Dardanelles à toutes les puissances. Le comte de Ratti-menton, 1er consul de France à Damas, un Italien naturalisé français, cupide et cruel, chassé de Sicile pour prévarication, chrétien converti à l'Islam et antisémite acharné, est à l'origine de cette affaire.Le 5/2/1840 le père Thomas (Tommaso de Sardaigne), directeur du monastère des capucins, disparaît avec son serviteur musulman Ibrahim Amara. Thomas était corrompu et pratiquait la médecine sans être médecin. On apprit qu'il avait eu une altercation avec un muletier musulman qui décida de le tuer. Les capucins exigent alors du consul français qu'il retrouve le disparu. Les capucins, qui cherchaient à nuire aux Juifs, firent alors circuler une rumeur selon laquelle ceux-ci auraient commis un crime rituel. Sans aucune enquête préalable, le consul ajouta aussitôt foi à ces rumeurs. Le pacha Shérif de Damas, qui tenait à éviter tout conflit avec le consul, alla dans le même sens et donna foi au témoignage d'un Musulman qui prétendit que le père Thomas avait été assassiné dans une maison juive. Le consul fit arrêter plusieurs Juifs pour les interroger. Il livra l'un d'eux, un barbier nomme Salomon Halek, comme étant très suspect, au pacha qui lui fit subir le supplice du chevalet. C'est ainsi qu'il fut conduit à désigner plusieurs notables riches de la communauté, dont un vieillard de 80 ans. Ils reçurent 500 coups de fouet, furent contraints de rester debout 36 heures sans dormir ni manger et boire. Comme ils refusaient d'avouer, le pacha fit enfermer 63 enfants juifs de 3 à 10 ans dans une salle sans manger ni boire jusqu'à ce que leurs mères révèlent l'endroit ou le sang aurait été caché. Voyant que ce moyen n'était pas suivi d'effet, le pacha menaça alors de faire couper la tête à plusieurs Juifs si le père Thomas n'était pas retrouvé. Accompagné de soldats il se rendit le 18 février dans le quartier juif pour détruire la maison d'un notable juif et retrouver ainsi le cadavre de Thomas ou des indices sur ce prétendu meurtre. Un jeune Juif décida alors de témoigner qu'il avait vu le père Thomas entrer dans le magasin d'un Turc. Au lieu d'enquêter sur ce fait nouveau, le pacha fit torturer à mort le jeune Juif. Le consul fit traduire en arabe un pamphlet antijuif remis par les moines montrant que le Talmud préconisait le meurtre d'enfants chrétiens afin d'utiliser leur sang dans la préparation de la matza. Ratti-Menton signa l'acte d'accusation et le pacha obtint l'autorisation de Mehemet-Ali pour faire exécuter la sentence de mort à l'encontre de tous les Juifs inculpés. Ratti-Menton fit diffuser cette affaire par la presse européenne pour déclencher des représailles contre l'ensemble des Juifs.***Adolphe Crémieux intervint auprès de Louis-Philippe qui répondit en termes vagues. Les Juifs de France mirent en cause Thiers et son consul de France. Le ministre juif Achille Fould intervint également. Les partis catholiques français, belge et italien interdirent toute publication justifiant les Juifs. Il s'avéra que le gouvernement français mit des obstacles sur la route de Crémieux.Comme l'un des Juifs arrêtés était de nationalité autrichienne, le consul autrichien Merletto à Damas mit tout en œuvre pour combattre l'œuvre néfaste de Ratti-Menton, dont un rapport détaillé qu'il fit parvenir à Metternich, lequel le fit publier, ce qui revint à clouer Ratti-Menton au pilori. Mehemet-Ali décida de constituer une cour de justice constituée des consulats d'Autriche, d'Angleterre, de Russie et de Prusse.Un comité de notables juifs anglais décida de déléguer sir *Moses Montefiore pour accompagner Adolphe Crémieux en Egypte et de verser une prime de 1,000 £ à quiconque découvrirait le cadavre du père Thomas ou son meurtrier. Sir Moses Montefiore (1784-1885) président du Board of Deputies qui représentait les Juifs anglais, demanda l'aide de lord Palmerston (1784-1865), ministre des Affaires étrangères de la reine Victoria (1819-1901), reine à l'âge de 18 ans en 1837. Palmerston lui permit de réunir une délégation de Juifs occidentaux, dont le grand avocat Adolphe Crémieux (1796-1880). Le 6 août Montefiore fut reçu par Mehemet-Ali et lui remit une supplique demandant l'autorisation de se rendre à Damas pour élucider l'affaire. L'enquête serait présidée par le pacha. Mehemet-Ali était enclin à accepter mais se heurta à l'opposition du consul de France Cochely qui, sur les ordres de Thiers, n'était pas intéresse à ce que la lumière soit faite. L'affaire traîna encore 3 semaines avec les hésitations de Mehemet-Ali. Crémieux suggéra alors que les consuls d'Europe demandent la libérattion immédiate des internés juifs de Damas. Tous, sauf le consul de France, acceptèrent. Mehemet-Ali décida de donner l'ordre de libérattion. Montefiore et Crémieux s'aperçurent que le firman ne parlaient que de grâce et non d'acquittement et expliquèrent au pacha la nécessité d'un correctif, ce qu'il accepta. Le pacha de Damas fit libérer les captifs sur le champ en août 1840. Sur les Juifs incarcérés et demeurés en vie, 7 étaient devenus infirmes par suite des tortures infligées, 2 seulement restèrent indemnes. 4 autres n'avaient pas survécu.Palmerston délégua également en Egypte un certain Hodges pour demander que les vrais coupables soient punis et que les familles des victimes innocentes soient indemnisées. Les rabbins ashkénaze et portugais Shlomo Tzvi Herschel et David Meldola jurèrent solennellement que l'accusation du crime rituel est totalement dénuée de fondement. Une assemblée de nombreux notables britanniques se réunit 3 heures durant dans la mairie de Londres pour manifester son soutien aux persécutés de Damas.Prévoyant que la Syrie retournerait à la Turquie, Montefiore se rendit à Constantinople et le 6 novembre obtint du sultan un firman interdisant la propagation de rumeurs calomnieuses contre les Juifs et leur arrestation sur ce seul chef d'accusation. Le résultat pour les Juifs d'Orient fut un renforcement des liens avec les Juifs d'Europe et une prise de conscience d'un meilleur statut grâce à l'instruction. Salomon Munk, qui accompagnait Adolphe Crémieux, voyant le degré d'ignorance où était tombée la population juive d'Orient, fut avec Crémieux à l'origine de la création d'une école pour garçons juifs et d'une école pour filles juives. Le grand rabbin de Constantinople, Moshé Fresco (חכם בשי) enjoignit aux Juifs de Turquie d'apprendre le turc. C'est à la suite de celle-ci que fut décidée en 1860 la création de l'**Alliance Israélite Universelle dont les buts étaient :• la défense des Juifs dans les pays musulmans.• L'améliorattion de leurs conditions de vie.• Contribuer à leur instruction.*Lord Moses Montefiore (1784-1885)Né à Livourne en 1784L'un des 12 courtiers juifs de la Cité de Londres.Devenu le beau-frère de Nathan Rothschild après son mariage avec Judith Cohen et devenu son agent de change.En 1824, à l'âge de 40 ans, décide de se retirer des affaires pour consacrer sa vie aux Juifs opprimés dans le monde.L'un des plus grands « shtadlanim ».Ami de la reine Victoria et source de sa judeophilie.**l'Alliance Israélite UniverselleMission : défendre les droits civiques et la liberté religieuse des Juifs.Fondée en 1860 à la suite de l'affaire Mortara.***Adolphe Crémieux (1796-1880)Ministre de la Justice en 1848 et en 1870.Les décrets Crémieux la qualité de citoyens français aux Juifs d'Algérie.

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